Secteur Privé: École supérieure d’architecture (EAC)
Les étudiants de l’École supérieure d’architecture (EAC) sont depuis plusieurs jours en grève
Grève et avis de M directeur des affaires juridiques au ministère de l’Enseignement supérieur
2012-2013
Grève:
Les étudiants de l’École supérieure d’architecture (EAC) sont depuis plusieurs jours en grève ouverte. Ils ont organisé plusieurs sit-in devant le ministère de l’Habitat de l’urbanisme et de la politique de la ville et le ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique pour réclamer l’équivalence de leurs diplômes à ceux de l’École nationale d’architecture (ENA).
«Rêvée par le ministère de l’Habitat, le ministère de l’Enseignement supérieur et l’ensemble du monde professionnel de l’architecture au Maroc, l’EAC rêve toujours de son équivalence de diplôme. Après huit ans d’existence et trois promotions diplômées, les étudiants de l’EAC sont aujourd’hui en grève», affirme l’Association des étudiants de l’EAC. Les grévistes affirment que les lauréats de l’école ne peuvent pas exercer leur métier d’architecte : «On ne peut pas signer des projets d’architecture comme les lauréats de l’ENA alors que notre formation est accréditée par le ministère de l’Enseignement supérieur. Mieux encore, notre école est reconnue au niveau international. Les étudiants qui ont choisi de continuer leurs études à l’étranger n’ont eu aucun souci à le faire». Rappelons que l’EAC a été créée en 2004 suite à un appel à manifestation d’intérêt lancé par le ministère de l’Habitat et après la signature d’une convention entre ce ministère et celui de l’Enseignement supérieur. «L’école a été créée dans le cadre d’un partenariat public/privé, de plus, unique cas au Maroc pour une école privée, les locaux appartiennent à l’état», souligne l’Association des étudiants de l’EAC.
Aujourd’hui, le ministère de l’Habitat manifeste sa reconnaissance et son soutien pour l’école. De même, le ministère de l’Enseignement supérieur reconnaît cette filière privée d’architecture, néanmoins l’équivalence dudit diplôme nécessite la modification de l’article 4 de la loi relative à la profession d’architecte. «Le problème est purement juridique actuellement», souligne un responsable au ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur, de la formation des cadres et de la recherche scientifique.
Toutefois, les étudiants et diplômés de l’EAC se disent lassés des promesses orales des ministères de l’Enseignement supérieur et de l’Habitat et demandent des garanties solides pour pouvoir assurer leur avenir d’autant que leurs cinq années d’études ont été validées année par année par l’ENA. En effet, l’enseignement à l’EAC se déroule conformément à un cahier de charges précis et «suit un cursus semblable à celui de l’ENA». «Nos cours sont validés chaque année par l’ENA et une commission spécialisée. Nous avions parfois des cours communs avec l’École de Rabat. C’est la preuve qu’on a une bonne formation».
«Le ministère de l’Enseignement supérieur reconnaît la qualité de notre formation, mais retarde l’équivalence. Récemment, il a voulu faire intégrer les étudiants d’une autre école privée, à problème, à l’EAC. Malheureusement une partie de ces élèves n’ont pas réussi au test d’entrée. Il se peut que ce problème bloque aussi la procédure d’équivalence», nous confie un étudiant de l’EAC. Selon l’Association des étudiants de l’EAC, leur école a fait ses preuves pendant ses huit années d’existence grâce à une équipe pédagogique composée d’universitaires, d’architectes, d’urbanistes, de sociologues et bien d’autres spécialistes : «Avec l’obtention du 2e prix des Holcim Award pour le développement durable et l’organisation de plusieurs workshops et séminaires, l’EAC se place à l’international».
À noter que les frais de scolarité à cette école s’élèvent à 73 500 DH par an, ce qui dans beaucoup de cas relève d’un véritable sacrifice visant à garantir à des jeunes un avenir professionnel sûr.
Avis du spécialiste : Said B Laalej, directeur des affaires juridiques au ministère de l’Enseignement supérieur
«Il faut une rectification de l’article 4 de la loi»
L’Ecole supérieure d’architecture de Casablanca (EAC) a été créée dans le cadre d’une convention signée le 20/05/2004, entre le ministère de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur, de la formation des cadres et de la recherche scientifique et le ministère délégué auprès du Premier ministre chargé de l’Habitat et de l’urbanisme. L’article 51 de la loi 01-00 stipule que «les établissements d’enseignement supérieur privé peuvent être accrédités pour une ou plusieurs filières de formation par l’administration, sur proposition de la commission de coordination de l’enseignement supérieur privé. L’accréditation d’une filière de formation de formation constitue une reconnaissance de qualité pour cette filière de formation. Elle est accordée pour une durée déterminée. La durée de l’accréditation et les conditions et modalité selon lesquelles elle est accordée sont fixées par vie réglementaire». L’article 52 de la loi 01-00 stipule «les diplômes décernés pour les filières de formation accréditées peuvent être admis en équivalence des diplômes nationaux, selon les modalités déterminées par voie réglementaire».
Conformément aux dispositions des deux articles précitées, la procédure qui sera appliquée aux diplômes délivrés par les établissements d’enseignement supérieur privé est : l’accréditation d’abord de la filière puis éventuellement l’équivalence ensuite de la filière accréditée conformément aux dispositions réglementaires en vigueur. Concernant l’architecture, il est à noter que la formation en la matière ne peut être reconnue que s’il y a modification de l’article 4 de la loi relative à la profession d’architecte. Pour l’instant, seuls les lauréats de l’ENA sont reconnus et par ricochet peuvent exercer. La rectification dudit article 4 devra stipuler que les lauréats de l’ENA ou des établissements privés accrédités et affiliés à l’ENA peuvent exercer le métier d’architecte. Aujourd’hui, le débat est ouvert, mais il y a des procédures assez longues à respecter. Il faut soumettre le nouveau texte réglementaire au gouvernement et aux deux chambres du Parlement.
Nous avons expliqué au directeur et aux étudiants de l’EAC que le changement de l’article 4 est le seul moyen de faire valoir ce diplôme. Mais il y a une nuance entre une filière autorisée, une formation accréditée et une équivalence.
Source: Le Matin
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